Envoyer

debouches«Il faut se recentrer sur les débouchés»


INTERVIEW - Claire Mazeron, vice-présidente du syndicat national des lycées et collèges , explique que la formation des conseillers d'orientation-psychologues les incite à privilégier les envies des jeunes. Claire Mazeron est vice-présidente du syndicat national des lycées et collèges (Snalc), et spécialiste des questions pédagogiques. Elle est l'auteur d'un livre à paraître chez Gawzevitch, Autopsie du Mammouth, qui décrypte le fonctionnement - et les ratés - du système scolaire.



LE FIGARO. - Comment se passe l'orientation d'un jeune au collège ou au lycée ?

 

Claire MAZERON. - L'orientation est une responsabilité conjointe des conseillers d'orientation-psychologues et des professeurs. Mais les «copsy» sont de plus en plus dépossédés de leurs prérogatives. On demande aux professeurs principaux, qui ne sont pas non plus formés pour ça, de jouer ce rôle de guide.


Pourquoi cette évolution ?

Dans la façon dont ils conçoivent leur mission, les copsys mettent en avant le «projet» de l'élève. De même que la pédagogie prescrit que l'enfant «construise son savoir», on décrète qu'il doit «construire son parcours», en dehors de toute réalité. On voit d'ailleurs des modes, en fonction des références télévisuelles ou autres. En ce moment, c'est le théâtre. Mais personne ne dit au gamin qu'avec un 3 en français, le théâtre n'est pas envisageable, et que même avec un 18, les places seront chères. On est dans l'ordre de la foi. Et parallèlement, les copsys ont des consignes pour remplir certaines filières un peu vides. De sorte qu'au mois de juin, quand il faut trouver une place en urgence, on envoie tout le monde en CAP comptabilité-secrétariat, alors même que le recrutement ne se fait plus qu'au niveau BTS.


Comment pourrait-on améliorer l'orientation ?

Il faut se recentrer sur les débouchés et prévoir quelles seront les filières d'avenir. À la décharge des copsy, le fonctionnement du système fait qu'il n'y a aucune barrière avant l'entrée dans les filières sélectives. C'est trop tard. Surtout, l'orientation, comme l'école en général, est un processus d'acculturation, de découverte de ce qu'on ne connaît pas. On y arrive d'abord en donnant de bonnes bases. Développer le savoir des élèves, c'est leur donner l'ouverture d'esprit et la curiosité nécessaires pour compenser le milieu social et l'absence de réseau.


Lefigaro.fr – Publié le 16 09 2009